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  • N. Quellien. La Bretagne armoricaine par Narcisse Quellien

             200px-François_II_de_Bretagne_(BNF-RC-A-86355).pngVitrail des Cordeliers de Nantes : François II, duc de Bretagne, en prière

    .../...

    Vous verrez avec quel héroïsme obstiné nos
    ancêtres ont gardé la
    péninsule armoricaine contre
    tant de convoitises étrangères. Certes,
    leur mis
    sion a été bien remplie.

    Quand le duc François II
    remit la Bretagne au roi de France, il
    s'inclinait
    sous la fatalité des choses; résister davantage n'eut été
    qu'une folie de bravoure. Mais que son
    agonie fut affreuse, lorsqu'il
    sentit sa fin venir,
    quelques jours seulement après le traité funeste
    du Verger ! Tous les souvenirs de sa race ont du s'éveiller alors et
    se succéder en son esprit, tous
    revenant, glorieux ou sombres,
    implacables comme
    des remords. Et il lui semble qu'il reconnait ces
    apparitions qui flottent devant son œil vague de moribond.



    Voici les guerriers et les moines de la primi
    tive Émigration. Comme ces chefs de clan ont le regard
    cruel !
    En frôlant le lit funèbre, ils
    abaissent la pointe de leur épée nue vers le dernier duc des Bretons, et ils
    murmurent leur propre nom
    en passant, témoignage contre la trahison de François II : Riwal, Gradlon,
    Waroch...

    Ainsi arri
    vent les ermites et les moines, Gwennolé, Tugdual, Brieuc..., chaque abbé touchant de sa
    crosse
    le mourant à l'endroit du cœur. A ce contact le vieux prince éprouve comme l'horrible
    op
    pression d'un cauchemar; mais il est réveillé de chacune de ses défaillances par une vision nouvelle.


    Maintenant, c'est le fondateur de la nation, ou plutôt de l'unité bretonne, qui apparaît, Nominoë ;
    il est suivi d'une lignée de héros. Leur ma
    lédiction épouvante le duc François II.

    Et puis, ses yeux se voilent, comme si le paysage devenait sombre autour de lui.
    Il croit
    alors ouïr un long gémissement, la plainte de tout un peuple ployé sous le joug. Ensuite, le
    vain
    queur des Normands, Alain Barbe-Torte, traverse la vision.
    Et les ombres deviennent plus farouches.

    Ce sont là les témoins des campagnes soutenues, durant cinq siècles, contre les deux puissances rivales,
    la France et l'Angleterre : or, à cette
    heure, l'héroïque passé est rendu vain, les villes bretonnes restent
    ouvertes et toute humiliation est
    consommée, demain il n'y aura plus de Bretagne.

    Et pour la suprême réprobation, voici les trois connétables fameux, Duguesclin, Clisson et Arthur de
    Richemont, qui viennent pour renier le duc
    des Bretons.

    Comme au sortir d'un rêve pénible, le mourant eut un cri étouffé. La princesse Anne d'accourir à son
    chevet, et agenouillée elle mit un baiser aux
    mains de son père. Le duc, alors, soulevant la main droite,
    la posa sur la tête de sa fille.


    .../...
    N. Quellien. La Bretagne armoricaine par Narcisse Quellien (Reliure inconnue - 1890)
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