Sa passion est peu commune: Alain Raullet décrypte, collectionne et répertorie les drapeaux. Pour leur histoire tout autant que pour leur signification. Un hobby qui le fait voyager à l'autre bout dumonde.
«L'un de mes premiers livres était un dictionnaire. Je l'ai ouvert à la première page, celle de la couverture. Là, j'ai vu les drapeaux.» AlainRaullet est tombé dedans quand il était petit. Àl'âge où d'autres se passionnent pour le foot, lui voulait étancher sa soif de curiosité. «Quand on connaît le symbolisme d'un drapeau, on comprend à quoi il sert et on appréhende l'histoire du pays.»
Des congrès en Afrique du Sud et au Japon
Sa passion a un nom: la vexillologie. Dans le monde, ils ne sont pas légion à la partager. Qu'importe. Les Américains ouvrent la voie, notamment Whitney Smith. Alain Raullet acquiert son ouvrage alors qu'il est adolescent. «Depuis, je n'ai jamais lâché le contact», avoue-t-il. De lettres en mails, il découvre ce patrimoine ô combien particulier. Collectionne étendards et fanions, «300, 500, je ne le sais pas exactement.» Créé l'association bretonne de vexillologie, qu'il «tient à bout de bras.» Et rejoint la fédération internationale des passionnés du genre. Depuis une vingtaine d'années, elle lui permet de parcourir le monde: Melbourne en Australie, Barcelone en Espagne, Le Cap en Afrique du Sud, Varsovie en Pologne... et en juillet dernier, Yokohama, au Japon. «J'y ai fait un exposé sur l'émission de radio hebdomadaire que j'anime depuis trois ans sur RCF Clarté, explique-t-il. Ça a plu, d'autant que le concept ne semble pas exister ailleurs.» Décrire un drapeau à la radio, l'exercice révèle les compétences de l'homme. Il en revient affublé du diplôme honorifique de meilleur exposé. Pour le jeu bien plus que pour le titre. «Le drapeau français est souvent mal interprété: le bleu et le rouge symbolisent la cocarde de la ville de Paris. Le blanc représente le roi», décrit Alain Raullet. Après l'interprétation, gare au pavoisement: si Monaco a la tête à l'envers, on se retrouve alors en Pologne.
Photographier pour éviter l'oubli
Étendards nationaux, régionaux, de villes ou de personnes... les sources d'amusement sont inépuisables, pour celui qui avoue ne pas aimer les logos «mal fichus et sans cohérence. Un bon drapeau, c'est celui que l'on reconnaît au premier coup d'oeil. Celui qui parle par ses couleurs ou ses symboles. Celui qu'un enfant peut dessiner.» Dans sa mémoire, les anecdotes prolifèrent. Comme celle du drapeau du Mozambique: à côté des bandes horizontales vertes, noires et jaunes, un triangle rouge. En son centre, une étoile jaune, àl'intérieur, on y distingue notamment un livre et... une kalachnikov! «Mais certaines tendent à disparaître, comme ceux des anciens combattants.» Oubliés dans un grenier ou détruits, ils ont pourtant toute une histoire à raconter.Alors, Alain Raullet sillonne les commémorations pour les photographier. «Quand on est à l'étranger, la vision d'un drapeau connu interpelle», observe-t-il, intarissable, avant de lever le voile sur un dernier morceau de tissu: son drapeau, noir et blanc, avec ses initiales transcrites grâce à l'alphabet des pavillons. Comme une nouvelle curiosité que d'autres s'amuseront peut-être un jour à décrypter.
- Rose-Marie Duguen
Source : http://www.letelegramme.com/local/cotes-d-armor/rostrenen...